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Billet noir #3 : Mala Vida

Alors que « l’ultra droite » vient de remporter les élections, de Madrid à Barcelone,dans une Espagne toujours hantée par son histoire récente une série de meurtres est perpétrée sans qu'aucun lien ne puisse être établi entre les victimes : un homme politique, un médecin, une religieuse...

Diego Martin, journaliste de radio, découvre vite que l'affaire dépasse le simple fait divers. Son enquête le mènera au plus près d'un scandale national, au cœur des secrets les plus honteux de l'ère Franco. Il ne se doute pas que son enquête va le conduire au scandale des bébés volés de la dictature franquiste.

Marc Fernandez, journaliste à Courrier International notamment où il a été chargé de l’Espagne et de l’Amérique Latine signe là un roman inspiré d’une enquête avortée sur les bébés volés du franquisme. Ce trafic aurait touché des milliers enfants pendant et après la dictature de Franco, souvent avec la complicité de l'Église catholique espagnole.

Les bébés, déclarés mort-nés à leurs parents biologiques étaient confiés pour être adoptés par des couples stériles… proches du régime. « Cette pratique » permettaient aux enfants «des rouges» soustraits à leurs parents de ne pas véhiculer le "gène" du marxisme.  L’argumentaire évolue au fil des ans, dans les années 50, le trafic concernait les enfants nés hors mariage, dans des familles pauvres ou très nombreuses pour devenir depuis la démocratie jusqu’aux années 1980, un moyen de gagner de l’argent.

Depuis la découverte de ce trafic en 2010, plus d'un millier de plaintes ont été déposées. Un premier procès s’est déroulé en 2018, le gynécologue incriminé fut déclaré responsable mais pas coupable » le calcul du délai de prescription lui ayant été favorable. Néanmoins, il s’agit là de la reconnaissance publique d’un fait encore tabou dans l’Espagne contemporaine.

Si le roman Mala vida lève rapidement le voile sur son intrigue et si les personnages apparaissent plutôt conventionnels : journaliste désabusé et blessé, juge intègre au franc parler, détective privé « typiquement atypique » et avocate belle et mystérieuse, il répond au souhait de l’auteur : « la fiction permet de toucher un public plus large et constitue un moyen de faire dire des choses qu’on ne pourrait mettre dans un article.

Une interview de l’auteur ici : 

 

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malavida